Ici on entreprend avec amour
“Ça change quoi, concrètement, d’affirmer haut et fort que vos fondateurs et actionnaires majoritaires sont issus de la communauté LGBT?”.
On s’y est peut-être habitué.e.s aujourd’hui, mais lorsque Dominic Tremblay et Ludwig Ciupka, dits Dom et Lud, ont lancé TUX, les concepts de “visibilité” ou de “leadership” LGBTQIA2+ étaient inexistants. Leur rêve à l’époque: voir éclore des modèles qui prouvent que s’afficher ouvertement LGBT et diriger une entreprise, c’est possible.
“J’ai la chance d’occuper un poste qui me permet de faire une différence et de prendre position publiquement —en tant que chef d’entreprise, en tant qu’homme gai qui a épousé l’amour de sa vie et lancé une compagnie avec lui, en tant que père de famille homoparentale.”
Convaincus qu’une meilleure représentation de toutes les communautés marginalisées signifierait un monde du travail plus juste, donc une société plus équitable ; les co-fondateurs de TUX ont commencé par montrer l’exemple. “Je souhaite que les futures générations —à commencer par mes enfants, évoluent dans un monde plus bienveillant et accueillant de toutes les identités que celui dans lequel moi j’ai grandi”, explique Dom. “Aujourd’hui, j’ai la chance d’occuper un poste qui me permet de faire une différence et de prendre position publiquement —en tant que chef d’entreprise, en tant qu’homme gai qui a épousé l’amour de sa vie et lancé une compagnie avec lui, en tant que père de famille homoparentale… J’ai espoir que nos talents LGBTQ et, de façon plus générale, toutes les personnes issues de minorités, sentent qu’ielles ont autant leur place chez TUX que quelqu’un qui serait straight, valide, blanc, neurotypique et doté d’une maîtrise.”.
Les bonnes intentions et les grands discours comptent, mais, chez TUX, on croit aussi au pouvoir de l’engagement formel et public. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes rapproché.e.s de la Chambre de Commerce Gaie et Lesbienne du Canada (CGLCC) pour obtenir la certification LGBTBE —une façon de plus de briser les codes et de prouver que le monde des affaires appartient à tou.te.s.
Après 12 ans sur le marché, nous avons pu observer combien cette diversité des profils renforce aussi bien notre créativité que notre culture, avec une communauté LGBTQIA2+ fortement représentée à tous les niveaux de la compagnie :
- 1 talent sur 5 s’identifie comme tel
- 60% de nos talents LGBTQIA2+ sont en position de séniorité, ou occupent un poste de direction, VP ou exécutif*
*Source: Enquête Nous Sommes TUX, 2021
Et on ne compte pas s’arrêter là. En matière d’équité et d’inclusion, on essaie d’aller toujours plus loin. Je le vois de mes yeux à chaque jour: travailler avec des talents qui appartiennent à différentes communautés impacte directement la richesse de notre travail. À ma propre échelle, je constate à quel point ça m’ouvre et me fait grandir”.
“Tu ne peux pas ne pas le remarquer quand tu entres ici: venir travailler dans une tenue qui défie les standards binaires du genre, avec des cheveux naturels ou des tresses collées est perçu comme “normal” -au sens où c’est vu comme absolument valide et acceptable, plutôt que choquant ou inapproprié”, abonde Sarah, en charge de la responsabilité sociale chez TUX. “En tant qu’entreprise, nous travaillons activement et quotidiennement à nourrir une culture du “safe space”, c’est-à-dire d’un espace sécurisant. Ça demande du travail mais c’est possible -pourquoi n’est-ce pas déjà le cas partout?”
“Pour s’épanouir au travail, il faut pouvoir être pleinement soi-même. Aucune compagnie ne devrait nous inciter à mettre nos identités au placard.”
Cette culture d’entreprise est intimement liée à l’histoire qui unit nos co-fondateurs, Lud et Dom. Quand, il y a 15 ans, ils font connaissance dans le cadre d’une collaboration sur un projet pro-bono, ni l’un ni l’autre ne s’attend à ce qui va suivre : un coup de foudre et une envie de tout bâtir ensemble. Depuis, Dom et Lud sont mariés, papas de deux enfants et d’un autre (grand) bébé, TUX. “Je vois mal comment on aurait pu partir notre compagnie sans assumer cette part là de notre histoire -ou alors on l’aurait payé en étant malheureux”, confie Lud. “Notre conviction de départ est simple : pour s’épanouir au travail, il faut pouvoir être pleinement soi-même. Aucune compagnie ne devrait nous inciter à mettre nos identités au placard.”
Très vite, cette soif de liberté dépasse le couple et son identité pour venir nourrir le modèle d’affaires de TUX. Alors que ni Dom ni Lud ne provient d’agence de publicité, le premier ayant fait ses armes chez ING puis L’Oréal, et le second ayant amorcé sa carrière comme photographe de mode; ils imaginent TUX sans idée préconçue. Une approche déterminante pour le développement de l’entreprise, qui passe de “partenaire créatif” à “compagnie créative” au fur et à mesure que la vision de Dom et Lud se précise. “C’est à cette vision affranchie des carcans traditionnels que j’ai adhéré en quittant l’agence dans laquelle je travaillais à l’époque pour rejoindre TUX”, affirme Pierre-André, dit P-A, troisième associé et vice-président exécutif.
“Ça peut avoir l’air anodin, mais ce côté “born out of love” influence aujourd’hui tout ce qu’on fait et comment on le fait.”
“Quand j’ai fait la connaissance de Dom et Lud, je me souviens avoir eu le sentiment de rencontrer deux gars clairement talentueux, mais surtout, deux vrais bons humains inspirants, là l’un pour l’autre, et soucieux du bien-être des gens qui les entourent. Je voyais du vrai “care”. C’est rare et précieux. J’ai senti qu’ensemble on pourrait créer l’environnement de travail du futur, un lieu où on est à notre meilleur parce qu’on a tou.t.es “le back” les un.e.s des autres. Ça peut avoir l’air anodin, mais ce côté “born out of love” influence aujourd’hui tout ce qu’on fait et comment on le fait. Ça m’a guidé dans ma manière de bâtir et diriger l’équipe de stratégie, puis maintenant TUX dans son ensemble. Oui, on est une entreprise, oui, on fait des affaires et on veut être rentables. Mais la question qu’on se pose le matin au réveil n’est pas : “comment faire plus de cash, comment croître plus rapidement?”. On se demande plutôt “est-ce qu’on prend soin de nos équipes comme il faut?”, et plus largement, “comment est-ce qu’on peut utiliser TUX pour prendre soin du monde autour de nous ?”
C’est d’ailleurs dans l’idée de ne pas se laisser enfermer dans le moule d’une agence traditionnelle que, en 2020, Dom, Lud et P-A décident de quitter le centre-ville pour installer nos nouveaux bureaux sur la Plaza St-Hubert, à même un immeuble dans lequel TUX a depuis ouvert sa buvette, Brouillon, et accueille un studio suffisamment grand pour y organiser des séances photos, bien sûr, mais aussi des évènements. Depuis les appels à projets de la fondation TUX Karma jusqu’à des expositions ouvertes au grand public —la première était consacrée à Jason Cantoro, en passant par des projections de courts-métrages organisées par notre collectif JEDI ; nos bureaux sont à l’image de la compagnie : hybrides. De la même manière, une carrière chez nous est elle aussi malléable, perméable au changement en fonction de ce chacun.e aime et souhaite accomplir.
“Voir les gens trouver leur X parce que ta compagnie est suffisamment souple pour le leur permettre, (…) c’est le rêve de tout.e entrepreneur.e.”
“Les talents issus de grandes agences connaissent souvent des parcours très codifiés —qu’il s’agisse de leur rôle, de leur autonomie, de la possibilité d’exprimer leur personnalité au travail ou même de la structure décisionnelle.” précise Lud. “Notre but est de leur permettre de grandir organiquement, en leur laissant toute la liberté de se projeter dans des rôles plus ouverts, définis en fonction de ce qui leur tient vraiment à cœur. Quand leur projet est clair, on en discute, on voit si c’est possible et, si oui, on essaie de mettre en place leur vision. Plusieurs personnes ont d’ailleurs fait des “moves” latéraux chez nous: elles avaient le goût de tenter autre chose, de s’épanouir ailleurs sans quitter TUX. Parfois, elles réalisent qu’elles étaient plus heureuses dans leur précédent poste et y reviennent avec la satisfaction d’avoir essayé. Il arrive aussi que le “gap” entre ce qui a été imaginé et la vraie vie soit énorme. Mais, à l’inverse quand le “move” fonctionne, c’est beau ! Voir les gens trouver leur X parce que ta compagnie est suffisamment souple pour le leur permettre ; c’est le rêve de tout.e entrepreneur.e.”
Ce souci de rester à l’écoute des talents et de leurs désirs se retrouve jusque dans la stratégie de croissance de TUX, puisque celle-ci repose fortement sur leur implication dans le développement de l’entreprise.
“On développe TUX avec nos talents. En étant transparents sur la santé de TUX —on fait le point sur les chiffres une fois par mois ; en les impliquant et en leur donnant l’espace qu’ielles souhaitent prendre. On veut partir une fondation ? On les consulte sur les sujets qu’ielles souhaiteraient voir abordés. On veut aller plus loin dans nos engagements responsables ? On les laisse prendre les rênes des comités Ecoresponsable, Justice Équité Diversité Inclusion, Bénévolat et Environnement. Au final, ça permet de faire de TUX une entreprise qui grandit de manière organique, portée par tou.te.s, avec le cœur.”
“Après Montréal, quel meilleur endroit que la Californie, l’état du progressisme américain, pour réaliser la vision de TUX?”
C’est peut-être ce souffle “rooted in love” qui nous définit le mieux. Il nous donne l’élan dont nous avons besoin pour parvenir à entraîner l’industrie dans un virage nécessaire -celui où l’impact social et environnemental compte plus que la création de profits, où nos retombées bénéficient à toute la société : aussi bien à nos partenaires d’affaires qu’aux communautés vulnérables et à la planète. Est-ce que c’est ce qui a fait germer l’idée d’ouvrir notre deuxième bureau à Los Angeles ? Probablement –“après Montréal, quel meilleur endroit que la Californie, l’état du progressisme américain, pour réaliser la vision de TUX ?” s’interroge Lud, le sourire aux lèvres.